
J'ai toujours beaucoup aimé les nuages.
Variations inépuisables de nuances, de formes, de couleurs, de lumière et d’ombre, les nuages sont des masses débonnaires à la physique mystérieuse qui glissent doucement au-dessus de nos têtes, lointains, volumineux.
Fasciné par ces nues dont on tombe, j'en capture des échantillons avec mon téléphone.

Je recadre ensuite ces images, sépare leurs couches numériques (souvent Cyan et Noir) pour les traiter avec un algorithme de dessin du logiciel DrawingBot.
Puis je fais tracer ces couches (2 ou 3) par un plotter équipé de stylos à bille avec différentes nuances de bleus ou de noir. J'ai fait pas mal de tests pour trouver LE stylo qui fonctionne bien. J'ai opté pour des Pilot G-2 0.7 et des Pilot Hi-Technpoint 0.5 qui ont l'avantage d'avoir des tubes transparents pour que je puisse contrôler le niveau d'encre.
Chaque dessin met entre 4 et 8 heures à être tracé, usant, selon le format, entre la moitié et le quart d'un seul stylo.
Je me suis rendu compte que la démarche de ces dessins est un peu ironique : extraire du réel des formes aléatoires pour obtenir sur papier une image laborieusement tracée par une machine alors que le nuage a été une des premières formes à être générées par l’ordinateur.
Un des premiers effets génératifs de Photoshop a en e et été le filtre « Nuages » – développé par Mark Hamburg en 1995 – qui produisait –
et produit toujours – des formes de nuées aléatoires.
On trouve cet effet dans à peu près tous les logiciels infographiques. Sans compter que, maintenant, on met nos données dans des « clouds », allégorie rassurante et inoffensive d’une pratique pourtant énergivore et donc peu recommandable.


Mes séries de « nues » cherchent à rendre modestement hommage à ce motif classique des peintres flamands et des paysagistes ainsi qu’à cette dimension numérique, plus actuelle à l'époque de l'IA et des images HD photoréalistes générées par ordinateur.
J'ai accumulé ces ciels pendant plusieurs mois, lançant un tracé de temps en temps sur mes deux machines, un petit plotter au format A4 et un autre au format A3.
Les grands formats sont un peu tordus, le plotter chinois que j'ai assemblé moi-même ayant probablement un défaut de conception. J'ai fait aussi quelques formats carte-postale plus petits. A part ces derniers, ce sont tous des exemplaires uniques.
Un sympathique Tiers-lieu lillois a accepté de les exposer pour un mois, c'est le Bus Magique, une péniche amarrée près de la citadelle. L'expo sera visible jusqu'à la fin du mois de mai 2025 et les dessins sont à vendre.


